Après un turn-over qui a fait la part belle aux novices, jeudi soir, Djamel Belmadi alignera l’équipe-type, celle qu’il «a en tête» pour le combat de chefs à Dakar, après-demain soir.
Il l’avait répété plusieurs fois, comme pour rappeler qu’il avait beaucoup travaillé « son » sujet et avait fini par trancher la question. Et s’il a choisi délibérément de ratisser large, de piocher dans les jeunes catégories de l’Équipe de France et de donner « sa » chance à tout le monde, le sélectionneur national a vraiment « en tête » son équipe-type, « son » onze idéal pour les grands rendez-vous à venir, en l’occurrence les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 et la Coupe d’Afrique des Nations 2023, où la moindre erreur ou défaillance est interdite. Cet onze qu’il a en tête n’est, d’ailleurs, pas très difficile à trouver tant il a pour lui le talent et l’expérience du haut niveau. A défaut de pouvoir compter de nouveau sur Raïs M’Bolhi, c’est Anthony Mandréa qui devrait assurer le rôle de numéro 1 dans les buts. En défense, Youcef Atal et Ramy Bensebaïni sont une évidence pour les postes de latéraux.
Le onze-type qu’il a en tête
Encore que beaucoup voient en le sociétaire du Borussia Dortmund un parfait palliatif au manque de garantie absolue dans l’axe où Aïssa Mandi, en dépit de ses difficultés à s’imposer à Villarreal, reste indétrônable aux yeux de Djamel Belmadi. Lui sera, certainement, associé Mohamed Amine Tougaï qui a pris du volume, ces derniers mois. En attaque, le capitaine Riyad Mahrez demeurera le roi du couloir droit, alors qu’un retour à un niveau physique acceptable «imposera» Youcef Belaïli dans le rôle de son pendant gauche, malgré toutes ses frasques en dehors des terrains. Et si Islam Slimani et Baghdad Bounedjah seront en concurrence pour le maillot floqué du 9, la possibilité de compter sur Amine Gouiri pourrait facilement changer la donne et propulser l’artificier des Bleuets en haut de l’affiche. C’est, cependant, dans l’entrejeu que l’absence d’Ismaïl Bennacer brouille un peu les pistes.
Des seconds couteaux bien affûtés
Cette situation oblige Belmadi à actionner plus tôt que prévu son plan B qui consisterait à rebâtir autour de Nabil Bentaleb un milieu à trois avec Houssem Aouar et Sofiane Feghouli. S’il a rappelé le dernier nommé, après seulement trois bons matches au Fatih Karagümrük, ce n’est, à l’évidence, pas pour en faire la doublure de Farès Chaïbi, Hichem Boudaoui ou encore Ramiz Zerrouki. « J’ai vu beaucoup de jeunes, pour la plupart qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble, c’est une décision que j’ai prise. À chaque date FIFA, je fais jouer deux équipes différentes. Cette trêve était probablement la dernière du genre, les qualifications pour le Mondial arrivent, la CAN arrive, l’étau va se resserrer. Aujourd’hui, j’ai passé cette période où j’ai essayé beaucoup de joueurs, ce qu’on me reprochait de ne pas assez faire dans le passé. Si je mets une équipe telle que je l’aie en tête, sans avoir la prétention de gagner le match (face à la Tanzanie, ndlr), je dis que j’aurais eu plus de possibilités de le gagner » avait, ainsi, argumenté le sélectionneur.
Un amalgame vieux-jeunes
Cela pour établir une hiérarchie dans le groupe avec une équipe-type, des seconds couteaux et éventuellement une liste de réservistes, com- posée d’anciens soldats toujours capables, selon lui, de rendre service à un moment précis. Car, avec des jeunes loups aux dents longues, comme Badreddine Bouanani, Farès Chaïbi, Rayan Aït Nouri, Abdelkahar Kadri, Himed Abdelli ou encore Saïd Benrahma et Mohamed Amine Amoura, la sélection dispose d’une profondeur de banc d’une qualité exceptionnelle. Et s’il venait à constater que son vestiaire manquait d’expérience, de vécu ou de «grinta» comme l’Afrique l’exige dans les moments- clés, Djamel Belmadi pourra toujours se retourner vers ses «vétérans» de la CAN-2019, face auxquels il a pris soin de ne (surtout) pas fermer la porte définitivement, mais plutôt de la garder entrouverte, on ne sait jamais !
Les vétérans de la CAN-2019 en supersubs ?
«Le retour de Benlamri ou de Guedioura? D’ici à la CAN en janvier, je ramènerai des joueurs que j’estime compétitifs, qui peuvent jouer là où ils sont. Slimani et Guedioura jouaient un peu moins en 2019, et ils ont été appelés. Est-ce que je planifie ça ? Non, parce que j’ai envie que tous mes joueurs aient du temps de jeu. On verra peut-être des joueurs d’expérience à la CAN. Imaginons que M’Bolhi joue avec le CRB en Ligue des Champions, qu’il y est performant ! Je ne vais pas dire que nous n’allons pas considérer la chose » a-t- il, ainsi, précisé, allant même jusqu’à exhumer un retraité en la personne d’Oukidja pour signifier que tout restait possible. « Un retour d’Oukidja ? Si demain, il revient sur sa décision, on aura juste perdu un gâteau et un maillot! De toute façon, il est compétitif, il joue en première division et fait de bons matchs, donc s’il veut revenir, je considérerais ça », souriait-il.
RACHID BELARBI
