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ALG : Les 100 jours de Sadi à la FAF (analyse)

LAFORDASSE

Intronisé le 21 septembre dernier à la tête de la Fédération algérienne de football (FAF), Walid Sadi est à la tête de l’instance depuis exactement 100 jours. Un laps de temps où il est traditionnellement question d’un premier bilan et de la fin du round d’observation. Dans le cas de Walid Sadi et son équipe, les choses sont plus compliquées puisqu’il a été désigné pour gérer la fin du mandat entamé par Charaf- Eddine Amara en 2021, puis poursuivi par Djahid Zefizef de juillet 2022 à juillet 2023, soit au grand maximum 18 mois. D’où la nécessité pour lui d’aller vite et sans se tromper. Lui qui avait détaillé le 21 septembre dernier les 21 points contenus dans son plan d’action. De la nécessité d’un nouvel organigramme de l’adminis- tration de la FAF, la DTN, l’arbitrage, la modernisation du travail, la révision et mise en conformité des textes à la situation financière de la FAF de la prise en charge des équipes nationales jeunes féminines… tout y passe. PAR LAFORDASSE

Vitesse et précipitation 
Pour conforter son image de jeune dynamique et travailleur, Walid Sadi avait dé- taillé 21 points de son plan qui parfois s’en- trechoquaient et se répétaient. Il n’avait pas hésité d’ailleurs à évoquer les points les plus évidents, notamment celui relatif à la bonne prise en charge de l’équipe nationale qui ne manque de quasiment rien si ce n’est de tranquillité depuis plusieurs années. 100 jours après, beaucoup reste à faire même s’il dispose encore d’une année et quelques petits mois pour arriver à bout de ce qu’il a fixé comme priorité et stratégie. S’il a enchaîné les réunions, les rencontres et les consultations, force est de constater que sur le terrain, rien, absolument rien n’a changé. Les changements opérés au niveau de la Ligue de football professionnel (LFP) par exemple n’ont fait qu’empirer la programmation, un volet qui pourtant avait coûté son fau- teuil à Abdelkrim Medouar, remercié dès la première réunion du bureau fédéral le 3 octobre dernier. « En application des dispositions des articles 14.2 et 36.20 des statuts de la FAF, l’organe de direction de la Ligue de football professionnel est suspendu, avec effet immédiat, jusqu’à la prochaine assemblée générale, pour violation des lois et règlements en vigueur. La FAF se réserve le droit d’engager une procédure d’audit et de contrôle de gestion de la Ligue de football professionnel », indiquait la FAF dans son compte rendu du bureau fédéral. Sauf que le transfert de la gestion de la compétition de la FAF a apporté plus de désorganisation qu’autre chose. Le comité dirigé par Mohamed Amine Mesloug s’est récemment montré incapable de programmer les journées de championnats et a dû revoir à plusieurs reprises sa copie après avoir publié le programme sur le site officiel de la LFP.

Politique de la main tendue ?
Candidat unique, Walid Sadi avait posté un message sur son compte Tweeter, dans lequel il expliquait : « Si je gagne la confiance de la famille sportive, ma main sera tendue à tout le monde sans exclusion, et je m’engage à travailler sans relâche pour soutenir et valoriser les acquis positifs, à m’efforcer de corriger les erreurs et à lutter contre la corruption, la médiocrité, la marginalisation. Et tout ce qui pourrait perturber la dynamique de progrès et d’avancement du football algérien. » Mais, la politique de la main tendue a vite laissé place à une véritable chasse aux sorcières, avec une série d’exclusions et de mise à l’écart. Ainsi, en plus de Abdelkrim Medouar, deux autres présidents de ligue élus ont été éjectés. Ali Malek le président de la Ligue de football Amateur (LNFA) et président de la commission électorale et Amar Bahloul président de la Ligue régionale de Annaba. Le premier paie le prix de son intransigeance et ses déclarations, notamment de défaut de diplôme universitaire du candidat Sadi et le second a vu la ligue faire l’objet d’un audit dont les conclusions tardent à venir.

Ameur Mansoul récompensé
D’autres changements et évictions à des postes plus techniques ont été opérés notamment au niveau de la Direction technique nationale (DTN) où Mustapha Biskri et son adjoint Zohir Djelloul ont été débarqués manu militari sans le moindre argument recevable après à peine neuf mois de travail. Ameur Mansoul qui a tout fait à partir du ministère de la Jeunesse et des Sports pour que Sadi soit le prochain président de la FAF a été remercié pour le travail effectué. Il a été bombardé DTN sans passer par un appel à candidature ni présentation d’un programme ou plan d’action. Bien que lors de sa présentation, Sadi avait insisté sur l’intégration de com- pétences nationales où qu’elles soient (ici ou à l’étranger). En évoquant la DTN dans son point 11, il avait déclaré son désir de « réorganisation de la DTN à travers le recours aux compétences nationales ici et ailleurs et tracer une feuille de route qui permet aux différentes sélections de se préparer pour les prochains RDV ». Depuis ,beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. La DTN a été littéralement vidée.

L’arbitrage décapité, seul Ameur Chafik …
Cette semaine, c’était au tour de Rachid Aït Mohamed, responsable du développement de cette structure , d’être prié de faire ses bagages sans ménagement. Le seul rescapé de cette véritable chasse aux sorcières demeure Ameur Chafik ,instructeur élite CAF. Il est à l’origine de la tenue de la première session de formation du diplôme CAF Pro, lancée vendredi dernier à l’hôtel Aurassi, un dossier sur lequel il travaille depuis plusieurs années maintenant avant que la pandémie ne mette un coup d’arrêt à toutes les activités. Toutefois, sa tête risque d’être coupée à tout moment ! Au niveau de l’arbitrage, la réorganisation par le vide pour ne pas dire la chasse aux compétences est plus flagrante. La très sensible commission fédérale d’arbitrage (CFA) a elle aussi fait l’objet d’un « net- toyage ». Trois compétences ont été également poussées à la porte, Djamel Haïmoudi le DTNA et, pourtant, nouveau patron de l’arbitrage de l’UNAF et membre de la Commission de l’arbitrage de la CAF, l’universitaire Abdelhak Etchiali, trois fois mondialiste et compétence avérée ainsi que l’expert CAF Lim Kee Chong, direteur du développement. Ahmed Kharchi membre du bureau fédéral qui n’a jamais atteint le grade d’arbitre international préside la CFA avant de demander d’être déchargé ! Alors que Mehdi Abid Charef dont le CV est loin d’égaler celui de ses deux anciens collègues (mondialistes plu- sieurs fois) a été nommé directeur technique national de l’arbitrage. Dans le cas de ces deux dernières entités, on ne peut que constater le décalage voire le faussé entre les déclarations de l’ancien manager général de l’équipe nationale et ses décisions.

L’installation du Collège technique
Toujours au volet technique, la principale réalisation de Walid Sadi c’est l’installation, le 13 décembre dernier, du Collège technique national présidé par le DTN. Une obligation statuaire contenue dans le décret exécutif n° 14-330 du 27 novembre 2014 fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement des fédé- rations sportives nationales, ainsi que leur statut-type. « Un organe consultatif chargé de formuler des propositions, recommandations et actions liées à l’organisation et à l’animation au sein de la fédération. », indique le communiqué de la FAF. Un acquis et une obligation légale à laquelle s’est rapidement conformé Walid Sadi et son bureau contrairement aux deux autres décrets : n°21-60 du 8 février 2021 interdisant le cumul de fonction (4 membres du BF sont en situation de cumul) et le décret exécutif n°22-309 du 12 septembre 2022 qui ferme la porte des fédérations aux non- détenteurs de diplôme universi- taire comme c’est le cas pour Walid Sadi. Pour ce qui est de l’administration de la FAF et de sa modernisation, annoncée au point 1 des objectifs à réaliser, elle est matérialisée par le retour de Nadir Bouznad chassé en son temps par Mohamed Raouraoua, du poste de secrétaire général. Il est secondé par Youcef Belmedjbar (secrétaire général adjoint), lui aussi de retour après avoir été évincé de la présidence de la Ligue Inter- régions, par Charaf-Eddine Amara. Les deux hommes rendent compte au chef de cabinet Fouad Makhlouf, un poste non prévu par les statuts de la FAF. Entre- temps, le directeur de l’administration générale de la FAF, Moumen Beraf a choisi de quitter une instance après plusieurs années passées à Dely Ibrahim. L’ancien directeur du Centre technique national de Sidi Moussa Youcef Ouznali a lui été affecté à d’autres tâches, il a été remplacé par Chafik Melouki.

Gouvernance et cumul
Au rayon gouvernance, Walid Sadi a annoncé dans son point 3 vouloir « travail- ler à enrichir les outils et le cadre légal et organisationnel » tout en faisant « le point sur les manquements afin d’aller vers le développement ». Il s’est engagé à procéder à « la mise en conformité du cadre légal des clubs, des ligues avec les lois de la République et les statuts de la FIFA afin d’améliorer les conditions de travail et pour plus d’efficacité ». 100 jours après, ce volet apparaît comme le parent pauvre de la gouvernance de Sadi. Alors que lui et ses membres se sont engagés, comme l’exige la loi, de choi- sir entre les fonctions, quatre membres de son bureau sont toujours en situation de cumul et le BF continue de siéger donc en toute illégalité. La situation de la Ligue de football professionnel, celle de la Ligue nationale amateur (LNFA), la Ligue régionale de d’Oran où le désor- mais ex-président Ahmed Bensekrane n’a toujours pas été remplacé à ce jour, préférant mettre un autre cumulard, Ya- cine Benhamza de la Ligue régionale de Saïda, sans oublier la Ligue régionale d’Annaba où Amar Bahloul a été mis au placard assorti d’un audit, sans que l’on sache pour quelle raison objective si ce n’est de régler un ancien compte que les plus avertis ont vite deviné, celui de la disparition de son ancien président Ahmed Mebrek. Que dire du cas d’Ahmed Kharchi qui papillonne entre les postes. Bombardé d’abord du rang de président de la CFA, celui-ci a vite déchanté en ‘’demandant’’ d’être déchargé de cette mission après s’être aperçu qu’il ne décidait finalement de rien dans cette commission très sensible et convoitée. Pour le contenter, le président de la ligue de Laghouat, il sera chargé de la commission du foot amateur et ainsi que d’une commission d’audit interne.

Les finances de la discorde
Autre chapitre qui a également fait polémique est celui des finances de la fédé- ration. Dès le départ, et poussé par une campagne d’intox et de désinformation, le bureau fédéral engage un audit par l’Inspection générale des finances (IGF) à partir de 2017 – année de fin de mandat de Mohamed Raouraoua, le mentor de Walid Sadi – et remet même en cause le contenu des passations de consignes avec l’ancien président Djahid Zefizef. Pis encore, dans un communiqué datant du mois de novembre, le BF souligne les difficultés financières que rencontre la fédération, laissant planer le doute sur sa solvabilité, alors que les différents bilans approuvés par l’assemblée générale et les comptes certifiés par les commissaires aux comptes ne relèvent rien dans ce sens. Et en attendant le rapport final de l’IGF, qui a suscité toutes les suspicions et spéculations, un autre communiqué du BF contradictoire, a été pondu mercredi dernier pour annoncer que les finances de la fédération ont connu une nette embellie ces derniers trois mois ! Comment peut-on passer du rouge au vert, sans décrocher un contrat de sponsoring mirobolant, autre promesse faite par le président Sadi sur un plateau de la télévision nationale au lendemain de son élection. « On conclura bientôt avec deux grandes sociétés, l’une nationale et une autre étrangère », dira-t-il.

La dissolution de la DGCF
Sans avoir contracté le moindre nouveau sponsor, Walid Sadi et son bureau fédéral ont tout de même décidé de se substituer aux banques en avançant de l’argent au clubs endettés sans aucune garantie de remboursement qu’un simple engagement et le chantage aux licences ! Une démarche à la limite de la légalité pour une association à but non lucratif. Dans son point 4 ,Sadi avait évoqué l’optimisation de la gestion notamment des ressources financières, ce qui ne l’a pas empêché l’ouverture de nouveaux postes budgétaires non statutaires et la prise en charge de travaux de réaménagement de l’hôtel des Verts en Côte d’Ivoire pour la CAN-2023. En termes de revenus, la FAF vit sur ses acquis, ni elle ni la LFP n’ont réussi à valoriser le championnat, une promesse pourtant du candidat qui rayait un championnat dont les feuilles de matchs étaient encore rédigées au stylo. Samedi soir, le plus gros RDV de la saison, le big derby USM Alger – MC Alger n’était diffusé que sur la chaîne publique partenaire historique de la FAF ! Enfin, la dissolution de la Chambre nationale de résolution des litiges et le désintérêt manifesté pour la Direction de contrôle et de gestion (DCGF), deux organes statutaires de contrôle marquent une volonté délibérée de tout gérer au niveau du bureau fédéral, voire du comité d’urgence qui a réduit le BF en chambre d’enregistrement.

Le recouvrement des 300 milliards
Selon certaines indiscrétions, Walid Sadi se plaint même de la faiblesse de son bureau, un bureau qu’il a choisi et annoncé comme étant composé des meilleurs enfants de l’Algérie en termes de compétence ! 100 jours après, les attentes sont encore nombreuses notamment en termes financiers et l’arrivée des samaritains annoncés. En attendant, le recouvrement des 300 milliards laissés dans les passations de consignes par Djahid Zefizef semblent prendre le chemin des caisses de la FAF, notamment une subvention débloquée par l’ancien bureau fédéral, en sus des partenaires Mobilis et Sonatrach. Walid Sadi aurait, par ailleurs, réussi à débloquer la situation avec l’EPTV qui devrait commencer à honorer sa grosse dette dépassant les 60 milliards de centimes à partir de 2024. C’est dire qu’on est loin de la situation catastrophique qu’on a bien voulu faire croire et admettre, si ce n’est de se fabriquer une réputation en dénigrant le passé.

LAFORDASSE

 

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