ALG : Centralisation et monopole, la FIFA s’attaque aux fenêtres internationales

Souvent critiquée pour sa vision purement commerciale du football et l’augmen- tation des matchs qu’elle induit, la FIFA affiche une isolante santé financière avec près de 7 milliards de dollars entre 2019 et 2022 et annonce plus de 10 milliards pour 2023-2026. Aussi s’apprête-t-elle à franchir un nouveau pas. Selon la Fédération bolivienne de football, l’instance mondiale songe à mettre en place, dès le mois de mars 2024, un mini-tournoi avec quatre sélections nationales : L’Algérie, l’Albanie, l’Afrique du Sud et la Bolivie. Cette première édition a fait l’objet de discussions à Djeddah (Arabie saoudite), en marge de la finale de la Coupe du monde des clubs.

Un projet qui ne semble pas avoir dépassé le stade de l’idée et de la discussion, bien qu’il ait fait l’objet d’une communication de la Fédération bolivienne, annonçant un accord verbal entre Walid Sadi et son homologue bolivien. Un gentlemen’s agreement que la Justice suisse – où se trouve le siège de la FIFA- reconnaît. Mais ce tournoi pose un bon nombre de ques- tions, à commencer par l’identité de l’orga- nisateur, pourquoi la FIFA ? Pourquoi faire ? Et pourquoi ces quatre nations précisément ? Est-ce le début d’une nouvelle ère, où la FIFA compte accaparer le business des matchs amicaux ?

Rien ne permet de l’affirmer à ce stade, mais si l’on se base sur ce qui a été proposé et déclaré aux représentants des quatre pays et rapporté à Botola par un proche du Sud-Africain, Danny Jordaan : « Pour le moment, il n’y a pas plus de détails. La seule chose que l’on pourrait indiquer est que le tournoi se jouera en Algérie, en Afrique du Sud et probablement en Europe, avec la promesse de beaucoup d’argent », confiait-il, entre deux avions, à notre quoti- dien. Reste à savoir pourquoi cette brillante et juteuses idée n’a pas été proposée à l’Argentine, championne du monde en titre, la France, l’Espagne…?

Point n’est besoin de faire la fine bouche. C’est de bon augure pour les finances des Fédérations concernées, mais pas forcé- ment une bonne affaire, particulièrement pour la sélection algérienne, dont le patron technique, Djamel Belmadi, n’a nullement été associé. Il a appris, selon nos informations, l’éventuelle participa- tion de sa troupe par la presse, alors qu’il a toujours fait en sorte de tracer, avec ses adjoints, le programme de préparation et les rencontres de son équipe. La parole et la poignée de main, données par Walid Sadi, seraient-elles sources de crispation avec le sélectionneur national qui ne tolère aucune immixtion dans son domaine réservé ?

L’Algérie (30e nation mondiale et 4 en Afrique), selon le dernier classement de la FIFA, est la mieux lotie, donc la plus bancable. Loin devant l’Albanie (62e mondiale et 31e en Europe) ; l’Afrique du Sud (66e mondiale et 12e en Afrique) et enfin la Bolivie 85e nation mondiale et dernière (12e) de sa Confédération. Les champions d’Afrique 2019 constituent donc la locomotive de ce projet. S’il venait à se réaliser, le onze national perdrait non seulement la liberté de choisir ses spar- ring-partners, selon les critères et les objectifs établis par le staff technique. Tout comme la Fédération algérienne de football (FAF) ne serait plus maîtresse des discussions financières autour de la commercialisation des prestations de l’équipe nationale.

La même démarche avait été adoptée pour la cession des droits-TV, centralisés depuis 2019 au niveau de la FIFA. Le tour- noi que la FIFA compte mettre en place, dès le mois de mars 2024, transfèrerait l’ensemble des décisions au niveau de la FIFA. L’instance mondiale ajouterait une nouvelle corde à son arc en devenant le propriétaire, le législateur, l’exécutant et « le juge de paix », le cas échéant. Une concentration des pouvoirs, qui la place d’office dans une situation de monopole, récemment rejetée par la Cour de Justice européenne dans l’affaire de la Super League européenne. Affaire à suivre !

Nazim Bessol