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ALG: Les confidences de Mohamed Amoura

RACHDI BELARBI

Un Algérien est en train d’enflammer le championnat belge. Mohamed Amoura (23 ans) a surmonté les obstacles dès son plus jeune âge pour arriver là où il est aujourd’hui.

«À 17 ans, je voulais arrêter le football et commencer à travailler». Dans un entretien vérité accordé à Het Laatste Nieuws, la sensation de l’Union évoque son passé, son présent et même son avenir. «Je n’ai vraiment commencé à jouer au football dans un club qu’à l’âge de 11 ans». Cette première phrase permet déjà de donner un aperçu de la trajectoire si particulière de Mohamed Amoura, qui s’est confié dans les colonnes de Het Laatste Nieuws. «Avant cela, je jouais dans mon quartier à Jijel.
À l’école, ce n’était pas facile, mais j’ai toujours joué au football. J’ai grandi dans un village de montagne, il n’y avait pas beaucoup de clubs. Nous ne jouions pas non plus sur de l’herbe, mais plutôt sur des terrains avec des cailloux. Parfois, les garçons plus âgés voulaient que je fasse partie de leur équipe. J’étais déjà assez rapide à l’époque. Après quelques équipes locales, j’ai finalement atterri à l’ES Sétif».

«J’ai voulu arrêter le football»

À l’ES Sétif, huit fois championne d’Algérie, Amoura a eu du mal. «Surtout la première année. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de gens qui m’ont aidé. Je tiens à les remercier encore une fois. Sinon, cela aurait été complètement différent. C’était une période difficile sur le plan mental. À 17 ans, j’ai voulu arrêter le football. Je n’avais pas d’argent, j’avais quitté ma famille et j’étais loin de chez moi. Mes parents me manquaient, j’avais le mal du pays. Arrêter et aller travailler me semblait être la seule solution. J’ai arrêté pendant une semaine. Puis l’entraîneur m’a parlé et m’a convaincu. Avec ma famille. Mes parents, mon oncle… Ils se sont assis ensemble et tout le monde voulait que je continue à jouer au football. Ils ont vu que j’avais du talent. Je n’oublierai jamais le soutien que j’ai reçu», confie l’attaquant.

La révélation à Sétif

«Mes parents ont toujours joué un rôle important dans ma carrière. C’est encore le cas aujourd’hui. Tout comme mon oncle, qui a lui-même joué au football. Je leur parle beaucoup, je les appelle tous les jours. Et ils sont heureux de ma trajectoire». C’est à Sétif qu’Amoura a finalement percé. Lors de la saison 2020-2021, il marque 15 fois et devient international. Les clubs européens frappent à la porte. «Il y avait de l’intérêt venant de la France», acquiesce l’attaquant. «Metz par exemple. J’aurais aimé aller dans le championnat français», confie-t-il.

Un passage compliqué à Lugano

Mais il est parti pour le FC Lugano en Suisse. «Ce n’était pas mon choix à 100 %. Sétif a trouvé un accord avec le club qui mettait le plus d’argent sur la table. Je ne me suis jamais senti à l’aise en Suisse. Je ne parlais que l’arabe et j’étais seul.
Sans famille, sans amis. Heureusement, j’ai rapidement fait la connaissance de deux coéquipiers tunisiens. On a dit que je n’ai pas fait d’efforts pour m’adapter à Lugano, mais j’ai pris des cours d’italien. C’était juste une période difficile. Surtout la première saison. De plus, j’avais des problèmes avec l’entraîneur. J’étais souvent remplaçant. Même si je marquais en étant remplaçant, je n’étais jamais titulaire. C’était frustrant. J’en ai parlé à l’entraîneur, il m’a dit: ‘C’est le choix du directeur sportif’. Je suis allé voir le directeur sportif et il m’a dit: ‘C’est le choix de l’entraîneur’. Je savais que la transition entre l’Algérie et le football européen serait difficile. Mais ma deuxième saison à Lugano s’est mieux passée et j’ai marqué huit buts en dix titularisations», se rappelle Amoura.

La «confiance» de l’Union

Amoura n’a pas hésité lorsque l’Union a frappé à sa porte. Les Bruxellois ont payé quatre millions d’euros pour l’attaquant. «Toulouse, Anderlecht et La Gantoise ont manifesté leur intérêt. Mais j’ai tout de suite eu un bon feeling avec l’Union. L’accueil a été chaleureux, le projet clair. Il s’est avéré que c’était le bon choix. Je me sens bien dans le club et dans la ville de Bruxelles. Il y a une communauté maghrébine, ce qui n’existait pas à Lugano, par exemple, et je me suis déjà fait beaucoup d’amis. L’Union m’a donné beaucoup de confiance depuis le premier jour. Pour ce club, je donnerai tout.
Tout comme pour l’entraîneur. Il me parle beaucoup, il me donne de bons conseils. Je dois le remercier». Son “rêve” de Premier League L’international algérien revient ensuite sur une scène qui a fait réagir dernièrement: son mécontentement lors de son remplacement face au Cercle. «J’ai fait une erreur. J’ai réagi ‘à chaud’ et je me suis excusé auprès de l’entraîneur et de mes coéquipiers par la suite». Les offres pour Amoura ne devraient pas tarder. Si ce n’est pas déjà cet hiver, ce sera certainement l’été prochain. «Je ne m’occupe pas de ce genre de choses. Je laisse mon agent gérer», assure-t-il. «Mais j’ai toujours des rêves. Jouer en Premier League, par exemple. Quand j’étais jeune, je regardais souvent les matches en Angleterre. Chaque match est un derby. On ne retrouve cette intensité nulle part ailleurs», affirme le jeune Algérien.

Le titre? «La route est encore longue»

L’attaquant a marqué 13 fois en 14 matches. Il s’est rapidement fait un nom en Jupiler Pro League et bien au-delà. Sa vitesse et son efficacité devant le but sont ses principales armes. Il évoque ses premiers mois à l’Union. «Ces matches face à Toulouse et à Liverpool en Ligue Europa… J’en ai encore la chair de poule. Ce public, ces supporters, cette atmosphère… C’est pour cela que l’on fait le métier de footballeur. Mes objectifs? Un proche m’a promis un cadeau si je marquais 22 buts cette saison. (rires) Je fais le compte. Je veux aussi gagner la Coupe d’Afrique avec mon pays. Le titre avec l’Union? Nous verrons ce qui se passera. Il y a beaucoup de qualité dans notre équipe, mais la route est encore longue», souligne-t-il.

Soulier d’or et Zidane

Au second tour du vote pour le Soulier d’or, Amoura devrait obtenir un paquet de points. Tout comme son coéquipier Cameron Puertas. «Ah, le Soulier d’Or (sourire). On m’en a déjà parlé. Vous élisez le meilleur joueur du championnat, n’est-ce pas? Tout footballeur souhaite remporter un prix individuel. Ce serait un grand honneur. Mais il y a beaucoup d’autres candidats. Je pense à Hans Vanaken, je l’aime beaucoup, et à Puertas bien sûr. Il est tellement fort». Amoura parle ensuite avec enthousiasme de celui qu’il considère comme le meilleur footballeur de tous les temps : Zinedine Zidane.
«Il a des racines algériennes. (rires) Non, c’est une blague. Son style de jeu m’a séduit. Techniquement fort, toujours en train de contrôler le ballon. Zidane était une star». En attendant, il n’y a pas un amateur de football qui ne connaîît pas Amoura à Bruxelles. Aimé par les jeunes et les moins jeunes, il est aussi une personnalité attachante. Et il est craint par ses adversaires. À Bruxelles, il a trouvé sa place. Dans le club, dans la ville et surtout sur le terrain. «C’est génial ici», conclut-il.

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