ALG : L'esprit de Surelere et la Dream team
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Les avis restent partagés (1) mais ceux qui avaient plus de vingt ans dans les années 80, dans leur majorité, estime que le match aller fourni par l’équipe nationale face au Nigeria (2-0) au stade de Surelere de Lagos comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 1982, a marqué la naissance de la Dream-team. Ceux qui ont vécu cette aventure et bien d’autres encore avec l’équipe nationale en gardent un souvenir impérissable. Dans une ambiance explosive, l’esprit de Surelere inculqué par le truimvirat Rogov- Maouche- Saadane a eu raison des 100. 000 spectateurs chauffés à blanc, bien avant le match, par des medias mal intentionnés qui n’avaient pas hésité à titrer : «vaincre ou mourir».
La délégation algérienne a eu à faire face à des scènes inimaginables durant son séjour à Lagos. Il fallait se méfier de la restauration ; d’un éventuel accident durant le trajet vers le stade ; éviter les corps des supporters qui se couchaient sur la route pour empêcher le bus d’avancer sous une chaleur de plus de 40 degrés ; subir dans les vestiaires, la présence de sorciers encadrés par des policiers et militaires, prononçant des incantations et balançant de la poudre grise sur les maillots … Mais les joueurs algériens sont restés inflexibles. Et pour bien montrer leur détermination, ils ont même répondu par des pas de danse et des chansons, aux chamanes complètement destabilisés. Et puis il y a eu cet instant émouvant où avant de pénétrer sur la pelouse, le coach adjoint Mohamed Maouche a sorti de son sac un drapeau. Celui qui symbolise, le courage, la dignité et l’honneur de tout un peuple.
Dès les premières minutes de jeu, le défenseur Mansouri Fawzi gagne son duel avec Odegbani, la star nigerianne, celui qui avait inscrit trois buts aux Vert et Blanc lors de la finale de la CAN de 1980. Cerbah gagne également le sien en déviant du poing à la suite d’un plongeon audacieux, le ballon de la tête de Andrew… On joue la trente quatrième minute. Belloumi, au centre du terrain, intercepte une passe d’un défenseur nigérian et fonce en solitaire, vers les buts de Best. Ce sera certainement les secondes les plus longues de sa jeune carrière. Un silence de cimetière envahit le stade malgré l’ouverture du score. Un deuxième but de Zidane sonne le glas des Nigérians. La police montée pénètre sur le terrain sans que l’arbitre Italien Ignolin n’arrêtent la partie. Elle disperse les supporters, à coup de gaz lacrymogènes. A Lagos, ce fut alors une nuit d’émeute et en Algérie, une des plus belles et longues nuits de l’histoire de notre football. Que l’esprit de Surelere plane sur Uyo.
AB. LAHOUARI (IN BOTOLA)
(1). Les informations contenues dans ce texte sont tirées des livres de l’auteur : « Scandale d’El Molinon » et « Football en Vert ».